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Les 10% les plus riches à l'échelle de la planète sont responsables de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre.

Le défi qui se tient devant nous est celui du moins, du plus léger, du plus lent, du plus petit.

Dans sa "matrice des besoins fondamentaux", l'économiste Manfred Max-Neef répertorie neuf types de besoin : subsistance, protection, affection, compréhension, participation, loisir, création, identité et liberté.

Le PIB est défini comme "la somme valeurs ajoutées brutes de toutes les unités institutionnelles résidentes qui exercent des activités de production". La valeur ajoutée est définie comme "la valeur créée par la production", ou plus précisément "la contribution du travail et du capital au processus de production."

Chaque fois que l'on transforme quelque chose qui se trouvait hors de la sphère monétaire en un produit qui peut être vendu, le périmètre de l'économie s'élargit (croissance expansive).

La limite sociale du temps de travail disponible constitue, après la limite écologique des ressources naturelles, un deuxième mur indépassable pour une économie qui chercherait à croître perpétuellement.

Le progrès technique n'est qu'illusoire si l'augmentation de la productivité d'un facteur (marchand) se fait au détriment de la productivité d'un autre (non marchand).

L'introduction des engrais, pesticides et herbicides a augmenté temporairement le rendement du travail agricole, mais ce au prix d'une perte de la biodiversité, de fertilité des sols, et d'une mise à risque de la santé des travailleurs. Le surplus de production monétaire s'est accompagné d'un déclin de la production écologique et sociale.

Le problème, c'est que le progrès technique des économistes mesure des valeurs d'échange et non des valeurs d'usage.

Peut-on découpler économie et écologie, développer la première sans détruire la seconde ? Loin de ne concerner que les seuls spécialistes, cette question se trouve désormais au centre des principaux enjeux de civilisation.

Par pression environnementales, j'entends l'ensemble des conséquences que les activités humaines ont sur la nature, que ce soit à travers l'utilisation des ressources (les matériaux, l'énergie, l'eau et les sols) ou ses conséquences sur l'environnement (dérèglement climatique, perte de biodiversité, acidification des océans, pollution de l'air, de l'eau, du sol, pollution lumineuse et pollution sonore, etc.).

On dira qu'un découplage est partiel si la dissociation ne concerne que quelques pressions (par exemple, les émissions de CO2 mais pas l'usage des matériaux, la pollution des sols, l'impact sur la biodiversité, etc.), et on le décrira comme total s'il inclut tous les composants de la charge écologique.

Un découplage relatif, par exemple entre le PIB et les émissions de gaz à effet de serre, décrit une situation dans laquelle les émissions par unité de production diminuent mais pas assez rapidement pour compenser l'augmentation simultanée de la production sur la même période. Autrement dit : la charge écologique s'accentue avec la croissance de la production, bien que moins vite qu'elle.

Dans le cas d'un découplage absolu, en revanche, la croissance du PIB coïncide avec la baisse des émissions.

On parlera de découplage par le haut lorsque c'est la variable économique qui s'émancipe de la variable écologique. A l'inverse, un découplage par le bas décrit une situation où la variable économique reste plus ou moins constante alors que la variable écologique baisse.

Quand on parle de l'intensité carbone ou de l'intensité matérielle d'une économie, on rapporte une empreinte écologique au PIB (même chose avec la productivité carbone).

Une croissance véritablement verte au sens du développement durable serait une croissance de la production juxtaposée à une baisse de la charge écologique totale de l'économie.

Une croissance verte serait une croissance adossée à un découplage total qui serait absolu, par le bas, global et permanent. Et bien sûr, la réduction de la charge écologique devrait être assez rapide pour éviter de dépasser les limites planétaires.

Le dernier rapport de l'IPBES, l'équivalent du GIEC pour l'étude de la biodiversité, annonce que 14 des 18 catégories de services écosystémiques ont décliné depuis 1970, un recul de 47% de la santé moyenne des écosystèmes.

Tags : Faune Flore

L'extraction de matières premières a été multipliée par 12 entre 1900 et 2015, avec une accélération constante depuis le début du XXIème siècle.

L'empreinte matérielle de l'ensemble des nations de l'OCDE a doublé entre 1990 et 2008 en relation directe avec l'activité économique, chaque augmentation de 10% du PIB s'accompagnant d'une augmentation de 6% de l'empreinte matérielle.

L'intensité matérielle de l'économie mondiale (la quantité de matières premières extraites par point de PIB) a augmenté de 60% entre 1900 et 2009.

La production de panneaux solaires d'une capacité de 1MW nécessite presque 3000 tonnes d'eau.

La construction d'une voiture électrique demande 6 fois plus de matériaux qu'une voiture thermique.

Les énergies renouvelables demandent 10 fois plus de métaux par kilowattheure que leurs homologues fossiles.

Toute forme de production a toujours une charge écologique plurielle et systémique.

Si plus de 3% du méthane issu des opérations de forage de gaz de schiste fuyait dans l'atmosphère (les fuites actuelles estimées vont de 3,6% à 7,9%), cela amènerait l'empreinte carbone du gaz naturel à hauteur de celle du charbon.

Apple en scope 1 (émissions directes liées à la production) et en scope 2 (émissions indirectes associées à l'énergie acheté par l'entreprise) représente moins de 1% de son empreinte en scope 3, c'est-à-dire de l'empreinte associée à toutes les autres émissions indirectes : celles des biens et services utilisés par l'entreprise, de ses déchets, du transport de ses matières premières, de la construction des infrastructures permettant son approvisionnement, de ses actifs financiers et de ses franchises, de l'utilisation des produits vendus, etc.

On a l'impression que les émissions françaises sont en baisse, celles-ci passant de 548 Mt éqCO2 en 1990 à 445 éqCO2 en 2018, soit une baisse de 19% sur la période. Mais cette évolution est trompeuse, car sur la même période, l'empreinte carbone de la France incluant les émissions des produits importés, a augmenté de 7%, passant de 619 Mt éqC02 en 1995 à 663 Mt éqC02 en 2019.

Le taux de retour énergétique (Energy Return on Energy Invested ou EROI) est le rapport entre la quantité d'énergie rendu disponible et la quantité d'énergie qui doit être dépensée pour l'extraire. Par exemple, un EROI de 10:1 pour le pétrole signifie qu'il faut brûler un baril de pétrole pour en extraire dix autres.

L'EROI (taux de retour énergétique) pour la production mondiale de pétrole et de gaz est passé de 23:1 en 1992 (brûler 1 baril permet d'en extraire 23) à 33:1 en 1999 grâce à l'amélioration des techniques d'extraction, mais a ensuite baissé à 18:1 e 2005. En tenant compte des énergies fossiles et renouvelables, une autre étude constate que l'EROI du système énergétique mondial est passé de 7:1 en 1995 à 6:1 en 2018.

Un rapport de 2011 estime que l'extraction de matériaux nécessite de déplacer trois fois plus de matière qu'il y a un siècle.

L'effet rebond représente une situation où une amélioration technique ou sociale permettant d'utiliser plus efficacement une ressource donne lieu à une intensification de son utilisation.

En France, l'effet rebond direct concernant l'efficience des moteurs et l'usage de la voiture est de 30% à 55%, ce qui veut dire qu'un tiers des gains de productivité est annulé par l'augmentation des distances parcourues (un rebond partiel, donc).

Il faut 70 kg de matières premières pour produire un seul smartphone, soit 600 fois le poids d'un téléphone.

Sur les 100 milliards de tonnes de ressources extraites chaque année à l'échelle de la planète, 37 milliards sont irrécupérables.

En 2016, les panneaux solaires représentaient 0,5% de tous les déchets électroniques, soit 250 000 tonnes.

Sur les 130 milliards de tonnes de déchets plastiques en 2019, 35% furent brûlé, 31% enfouis en décharge, et 19% jetés directement en pleine nature.

Dans Recyclage, le grand enfumage, Flore Berlingen remarque que même si la collecte des équipements électriques et électroniques usagés a bondi de zéro à 50% du total jeté en dix ans, cela n'a pas été assez pour faire face à l'augmentation de la quantité d'équipements mis sur le marché (+20% en tonnage, et +45% en nombre d'unités).

En 2020, l'économie mondiale a consommé 100,6 Gt de ressources naturelles : 50,8 Gt de minerais, 10,1 Gt de métaux, 15,1 Gt de combustibles fossiles, et 24,6 Gt de biomasse.

Le recyclage d'une tonne de feraille permet d'éviter l'équivalent de 57% des émissions de CO2 nécessaires à la production d'une tonne d'acier primaire.

Il est donc mathématiquement impossible de produire plus l'année d'après en utilisant seulement les déchets disponibles.

En France, il s'écoule entre sept et neuf ans entre la décision d'installer un parc d'éoliennes et son entrée en fonctionnement, un délai qui atteint même une quinzaine d'années pour une centrale nucléaire. Pour rappel, le dernier budget carbone à 1,5°C annoncé par le GIEC sera écoulé dans 11 ans, si les taux d'émissions de 2021 restent stables.

1% de croissance des brevets sur des technologies environnementales est associée à 0,005% de réduction de l'empreinte écologique, une corrélation marginale (pour comparer, chque point de croissance du PIB fait augmenter les émissions de 0,2%).

L'intensité énergétique du secteur de l'aviation commerciale, c'est-à-dire la quantité d'énergie consommée par passager-kilomètre a diminué de 80%. Mais cela n'a pas suffit à faire baisser les émissions du secteur car ces gains d'efficacité ont été plus que compensés par une hausse de 1236% du trafic sur la même période.

La technologie est un processus à rendements décroissants. A cause des limites physiques des technologies, il arrive un point où il n'est plus possible d'améliorer leur productivité, ou seulement de manière marginale. Les moteurs, les éoliennes, les panneaux solaires ont un rendement théorique maximal qu'il est impossible de dépasser. Une fois ce seuil atteint, la croissance continue se traduira automatiquement par un redémarrage de la hausse de son empreinte écologique.

En économie féministe, on appelle ça les forces reproductives. La sphère de la reproduction comprend toutes ces choses qui contribuent au soin, à l'entretien, au renouvellement, et à l'amélioration de notre capacité de travail, et plus généralement au bon fonctionnement de la vie sociale.

Tags : Définition

Une boulangère dépressive serait aussi incapable de produire une baguette qu'une boulangère sans four ni farine. Autrement dit : toute activité économique s'appuie sur une activité extra-économique.

L'objectif d'une économie est l'organisation parcimonieuse du contentement.

Sur les quinze dernières années, et pour les 149 pays du classement, les variables non économiques expliquent 74% du niveau de bonheur, contre seulement 26% pour le PIB par habitant.

Appliquant une nouvelle technique de modélisation (la dynamique des systèmes), Dennis et Donella Meadows construisirent "World3", un modèle sur ordinateur qu'ils utilisèrent pour simuler douze scénarios prospectifs étudiant l'évolution de la production industrielle, la croissance démographique, la production de nourriture, la raréfaction des ressources, et la pollution.

On doit à ce rassemblement la première définition de la décroissance : une transition volontaire vers une économie juste, participative et écologiquement durable.

Il importe ici de bien différencier la frugalité d'une part, une forme de renoncement (choisir de ne plus faire des choses que l'on faisait, par exemple prendre l'avion, acheter des SUV, faire de la publicité, concevoir des produits financiers, manger de la viande, et vendre des pesticides), de la sobriété d'autre part, une forme de modération (choisir de limiter des choses que l'on faisait : garder le même téléphone plus longtemps, partir en vacances moins loin, produire plus lentement avec des low tech et des énergies renouvelables, travailler moins).

(1) alléger l'empreinte écologique (2) de manière démocratique (3) dans un esprit de justice sociale (4) dans le souci du bien-être. Voilà les quatre éléments clés d'une stratégie de décroissance.

C'est la règle fondamentale de toute économie écologique : la vitesse économique de consommation-rejet ne doit jamais dépasser la vitesse écologique de régénération-assimilation.

En 2015, l'empreinte écologique des Français était de 4,8 hectares globaux (gha), soit le double de notre bio-capacité (2,4 gha), et les émissions de gaz à effet de serre étaient égales à 3,4 fois le seuil qui permettait de tenir une trajectoire sérieuse d'atténuation du réchauffement climatique.

71% des émissions mondiales peuvent être rattachées à seulement 100 entreprises, principalement dans le secteur de l'extraction d'énergie, et les 20 entreprises les plus polluantes causent un tiers de ces émissions.

L'Europe et l'Amérique du Nord sont à elles seules responsables de la moitié des 2450 milliards de tonnes de CO2 émises depuis 1850 dans le monde.

En 2010, l'empreinte carbone de l'Union Européenne monopolisait 90% du budget carbone global annuel disponible.

La fortune procure un privilège énergétique : les 5% les plus riches de la planète utilisent plus d'énergie que la moitié la plus pauvre de l'humanité.

En France, les 10% des ménages les plus fortunés gagnent en moyenne 7 fois plus que les 50% les plus pauvres, et un ménage appartenant à ce décile supérieur émet en moyenne 14,7 t équivC02, soit 5 fois plus que la moitié la plus modeste des Français.

Selon un rapport de France Stratégie, les 50% des ménages les plus modestes devront réduire leur empreinte carbone de 4% d'ici à 2030, contre 81% pour les 10% des ménages les plus riches.

En 2018, 1% de la population mondiale a causé 50% des émissions du secteur de l'aviation et plus de 96% d'entre elle n'a pas pris l'avion.

A l'échelle de l'Union Européenne, seuls les 10% des ménages les plus riches prennent l'avion.

Seulement un quart des Français prend l'avion chaque année.

Une décroissance de l'aviation dans un esprit de justice sociale consisterait à renchérir l'accès à l'avion pour ceux qui volent beaucoup (saufs exceptions type associations humanitaires, diplomaties, scientifiques, etc.) pour permettre à ceux qui ne l'ont jamais pris d'en profiter sans pour autant mettre en péril la stabilité climatique.

On se souvient de l'une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat : que soit inscrite sur la publicité des produits les plus polluants la mention " En avez-vous vraiment besoin ? La surconsommation nuit à la planète."

Que pouvons-nous vraiment nous permettre de produire pour préserver l'habitabilité de notre planète ?

L'objectif de l'éco-innovation est de découpler le plus possible la production socialement utile des pressions environnementales, c'est-à-dire de réduire la codépendance écologique de l'économie.

L'idée centrale est de trouver un équilibre entre au moins trois grandes familles d'objectifs : la soutenabilité (la charge écologique), la convivialité (le bien-être des parties prenantes), et la productivité (l'efficience productive).

La "low tech" désigne un ensemble de technologies utiles (qui répondent à des besoins essentiels), accessibles (appropriables par le plus grand nombre), et durables (écoconçues, robustes, réparables, et recyclables).